Secrets dans l'art

La Joconde

Derrière le sourire de La Joconde se cache un des plus grands mystères du monde de l’art. Qui est la Joconde? Selon Giorgio Vasari, peintre et écrivain du 16e siècle, le fameux modèle de Léonard de Vinci serait Lisa Maria Gherardini. C’est son mari, une connaissance de l’artiste, qui lui aurait demandé de réaliser un portrait de sa femme. Bien que cette théorie soit très répandue, les preuves manquent et les rumeurs pimentent ce sourire un peu fade. Serait-ce l'autoportrait au féminin de Léonard de Vinci ? Quoiqu'il en soit, c'est ce mystère qui rend notre Mona Lisa terriblement attirante depuis cinq cents ans.

L'Origine du monde
Le premier propriétaire de L'Origine du monde, et certainement son commanditaire, fut le diplomate turco-égyptien Khalil-Bey (1831-1879). Figure flamboyante du Tout-Paris des années 1860, il rassemble une éphémère collection, dédiée à la célébration du corps féminin, avant d'être ruiné par ses dettes de jeux. Par la suite, le destin précis du tableau reste mal connu. Jusqu'à son entrée au musée d'Orsay en 1995, L'Origine du monde, qui faisait alors partie de la collection du psychanalyste Jacques Lacan, représente le paradoxe d'une œuvre célèbre, mais peu vue.
Outre ses propriétaires, l'Origine du monde a longtemps caché un autre secret, celui de son modèle, jusqu'à l'année dernière. Son identité a été découverte par hasard par Claude Schopp et Sylvie Aubenas, ils le relatent dans L'origine du monde, vie du modèle, paru chez Phébus, 2018. C’est en travaillant sur la correspondance d’Alexandre Dumas fils et de George Sand que le Claude Schopp a résolu cette énigme vieille de 152 ans. Chargé de l’annotation des lettres échangées entre George Sand et Dumas fils,  il est surpris par une coquille dans la transcription d’une lettre de Dumas à Sand. L’écrivain, déblatère sur Courbet. « On ne peint pas de son pinceau le plus délicat et le plus sonore l’interview de Mlle Queniault (sic) de l’Opéra », écrit Dumas. « Interview? ça ne voulait rien dire », explique le chercheur. Il décide de confronter cette transcription au manuscrit conservé à la Bibliothèque nationale de France. Ce n’est pas « interview » qu’il fallait lire mais « intérieur ». Constance Quéniaux était donc le modèle de Courbet !

Secrets d'Etat

Le scandale du Watergate

L'affaire commence en 1972 avec l'arrestation de cambrioleurs surpris dans les locaux du Watergate, siège du parti démocrate. Les journalistes et le Sénat mènent l'enquête et révèlent des pratiques illégales de grande ampleur au sein de l'administration du président Nixon. Au début, l'affaire fait peu de bruit. Mais deux journalistes du Washington Post, aidés d'un mystérieux informateur surnommé Deep Throat (Gorge profonde), publient de nombreuses révélations notamment sur les liens des cambrioleurs avec le Président et sur les financements irréguliers de sa campagne. Pourtant Nixon est réélu, la même année. C'est un juge, John Sirica qui prend alors le relais. L'étau se resserre autour des collaborateurs du Président. Les auditions sont retransmises à la télé américaine, le public se passionne. Lorsque l'existence d'un système d'écoute dans la Maison-Blanche est rendue publique, un bras de fer s'engage entre Nixon et les enquêteurs à propos de la restitution des bandes magnétiques des enregistrements. L'implication du Président se précise. Le Congrès engage alors une procédure d'impeachment à l'encontre de Nixon qui est contraint de démissionner. Une première pour un président américain. Deep Throat, alias Mark Felt, ex numéro 2 du FBI,  a gardé secret son rôle dans l'affaire pendant 33 ans. Il est mort trois ans après, en 2008.

L’affaire du Rainbow Warrior

Il s'agit d'un des plus gros scandales des services secrets français. En juillet 1985, des membres de la DGSE, sabotent le Rainbow warrior, navire amiral de l'ONG écologiste Greenpeace.  Le navire, à quai en Nouvelle-Zélande, était paré à appareiller pour l'atoll de Moruroa afin de protester contre les essais nucléaires français. L'opération de sabotage fut commanditée par le ministre de la Défense français Charles Hernu, contraint alors de démissionner, avec l'autorisation explicite du président Mitterrand (on l'apprendra plus de 20 ans après). L'opération fit un mort, le photographe de Greenpeace Fernando Pereira. Cet acte, qui constituait une violation de la souveraineté de l'État néo-zélandais, fut à l'origine de tensions entre les deux pays et eut des impacts sur leurs relations politiques et économiques.

571 302 1/3
Plus déroutant, tant il est vrai que les scandales d'Etat sont courants, l'incroyable légèreté d'un ministre des Armées. En 2016, Lors d'une expositions consacrée aux secrets d'Etat, les Archives nationales ont révélé, griffonné sur un simple bout de papier, le chiffre 571 302 1/3, le nombre qui permet d'actionner la bombe atomique !  Il était griffonné à la main scotché à une carte de visite, noté à la va vite, par le ministre Messmer, dans les années 60. Le commissaire de l'exposition justifie « Il devait avoir ce chiffre en permanence sur lui. A l'époque, il n'y avait rien de numérique. Il fallait bien le mettre dans une poche »… Euh.

Secrets industriels

Wikileak

C'est l'ennemi numéro 1 des secrets de toutes natures. Fondé par Julien Assange en 2006, ce site a publié plusieurs millions de documents classés confidentiels concernant des dizaines de pays à travers le monde. Depuis 2010, ses informations sont relayées par les grands quotidiens nationaux dont en France, Le Monde ou Médiapart. C'est ce dernier qui a révélé un espionnage industriel émanant de l'agence du renseignement américain la NSA et mis en place à grande échelle contre la France. Selon le site d’information «toutes les négociations et tous les contrats des sociétés françaises estimés à plus de 200 millions de dollars» étaient interceptés. Un comble pour un pays censé être un allié de la France !

Concordski

L'avion Concorde, grande fierté tricolore, a été copié, en particulier par l’URSS. Dans les années 1960 et 1970, la fabrication du Tupolev TU-144 a été rendue possible grâce à un pillage industriel à très grande échelle qui s’est étalé sur plus d’une décennie. Sergei Pavlov, le patron de la compagnie soviétique Aeroflot à Paris, a été arrêté en 1965 avec dans sa mallette les plans détaillés des systèmes de freinage, du train d’atterrissage ainsi que de la cellule du Concorde. En 1977, c’est Sergei Fabiew, un autre agent du KGB, qui sera arrêté. L’espion, reconverti en homme d’affaires, avait monté un bureau d’études qui avait pour clients Dassault et d’autres constructeurs européens. Pendant des années, le businessman a acheté de nombreux documents confidentiels pour permettre à l’URSS de rattraper son retard dans les avions civils supersoniques. La ressemblance avec le Concorde était telle que le Tupolev soviétique était souvent surnommé «Concordski»...

Secrets de famille

Œdipe

C'est le secret par excellence
le secret par excellence, le secret d’Œdipe qui, une fois dévoilé, lui est fatal. Car c’est bien quand il apprend qu’il tuera son père et épousera sa mère qu’il prend la funeste décision de partir et de commettre précisément le destin qu’il voulait fuir…  À l'heure de Facebook et Instagram, des réseaux sociaux où chacun se met à nu, à l'époque de WikiLeaks, des théories du complot et de la transparence, avoir des secrets paraît un peu anachronique voire carrément suspect. Peut-on encore en avoir ?
https://www.franceculture.fr/emissions/le-journal-de-la-philo/le-journal-de-la-philo-du-lundi-11-mars-2019

Et pour finir, on pioche dans une de ces multiples énigmes qui nous font rêver ou frémir… comme le monstre du Loch Ness

BONUS

Le Triangle des Bermudes

Depuis 70 ans, la légende de cette zone géographique imaginaire de l'Atlantique située ente Miami, Porto Rico et les Bermudes, fascine les romanciers, les cinéastes, et les scientifiques.  Elle serait le théâtre d'un grand nombre de disparitions de navires et d'aéronefs. Une équipe de chercheurs russes et norvégiens, qui s'intéressent au phénomène des «dolines sibériennes», dans la péninsule de Yamal, en Sibérie, pourrait avoir trouvé une explication. Mais on ne l'éventera pas, ah non !
On préfère encore écouter la ringardissime chanson de Mort Schumann…