artiste plasticienne résidant à Valence (Espagne)
Les formes organiques inquiétantes créées par Mireia Donat Melús (@mdmelus) prennent une dimension interactive avec des œuvres comme Trou, installation qui invite la main du spectateur à pénétrer dans l'œuvre et montre son exploration à l'aide d'une caméra intérieure. Ses sculptures, faites de nylon et de fibres de silicone vides, semblent être à la fois cultivées par l'homme et de nature extraterrestre.
Avec Organic Shapeless Abstractions, Mireia Donat Melús traite de l'incapacité des individus à assimiler des choses qui ne font référence à rien de spécifique à travers des sculptures, des photographies et des installations. Son projet traite de l'informe, en se basant sur un certain nombre de formes organiques qui suscitent l'inquiétude tout en étant fascinantes. Ces œuvres réalisées en fibres creuses enduites de nylon et de silicone, entre autres matériaux, mettent en avant l'indétermination de l'objet et provoquent la confusion du public.
Son travail s'appuie sur la notion d'abject telle que définie parJulia Kristeva dans Pouvoirs de l’horreur : la contamination de l’homme par le monde animal et l’animalité en tant que menace sont l’une des expressions privilégiées de l’abject. L’abject, soit « ce qui perturbe une identité, un système, un ordre. Ce qui ne respecte pas les limites, les places, les règles. L’entre-deux, l’ambigu, le mixte [...] ». Lorsqu'un corps, un objet ou une forme prédéterminée n'ont plus leur forme naturelle, cela nous influence automatiquement et remet en question notre logique, entraînant un sentiment d'incertitude, de rejet et même de pressentiment. Nous ne savons pas comment les interpréter, ni à quelle forme de connaissance nous devons recourir pour définir ce nouvel objet.
Dans cette association, l'abjection est directement liée à l'apparence formelle des objets. Cependant, même si celle-ci est considérée comme désagréable ou repoussante, elle n'en est pas moins fascinante et continue de nous captiver.
Le dégoût est une émotion puissante pour la plupart des êtres humains, et l'on pourrait dire qu'il façonne en quelque sorte notre intimité.
Ce projet nous montre l'une des expressions classiques de l'abjection : l'absence de forme des objets. D'un point de vue formel, l'œuvre provoque des émotions particulièrement viscérales, car elle implique de fortes réactions physiques à des stimuli qui ont des caractéristiques clairement corporelles, comme les veines et les conjonctions de formes organiques qui composent l'œuvre : la couleur, l'aspect du nylon, semblable à une fine couche de peau, à travers laquelle nous pouvons voir des textures et des caractéristiques qui renvoient à quelque chose d'organique en dehors de son contexte, de son espace, c'est-à-dire quelque chose qui le rend sale et inévitablement pour représenter quelque chose d'autre.
Le rejet de cette altérité se mesure au fait qu'ils nous rappellent ce que nous sommes, notre mortalité et notre vulnérabilité animale. Leur apparence organique incite les spectateurs à réfléchir et à tenter de parvenir à une conclusion pour décider de ce qu'ils voient réellement, à quoi cela fait référence. Un dialogue s'instaure entre le sujet et l'objet, une controverse dans laquelle les individus cherchent à se conforter dans ce qu'ils ne parviennent pas à assimiler.
L'objectif de ce projet est de donner au public un aperçu du monde souterrain de l'abjection, d'une manière graduelle et réfléchie, afin de provoquer un choc auquel il ne sera pas facile d'échapper.
OBJETOS DE ESTUDIO (2017), serie fotográfica | ASCUS (2013), installation |
SIN TITULO (2015) installation | ST (2016) serie fotográfica |
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