À l’invitation du Festival d’Automne, la Maison des Métallos confie ses clés à la Casa do Povo, centre d’art vivant et militant de São Paulo, pour deux semaines de rencontres, de fêtes et de créations partagées. Cette dernière les donne à son tour au Festival d’Automne qui, pour la première fois, aura un QG temporaire en plein cœur de la capitale.
Depuis quatre ans, le Festival d’Automne ouvre sa programmation à des artistes ou collectifs, posant un geste à la fois artistique et politique. La Carte Blanche devient un terrain d’expérimentation, propice aux croisements d’esthétiques, à la circulation des idées et du public. Durant deux semaines, le Festival invite la Casa do Povo, singulier centre d’art brésilien, à investir la Maison des Métallos dans le 11e arrondissement de Paris. À cette occasion, le Festival d’Automne expérimente de nouvelles formes de convivialité, et inaugure pour la première fois un QG, ouvert aux bouleversements et à une réinvention collective.
Créée en 1946 dans le quartier de Bom Retiro à São Paulo par une constellation d’associations juives antifascistes, la Casa do Povo s’est construite à la fois comme un centre culturel et un lieu dédié au souvenir des morts de la Shoah. Le « plus jamais ça » y a pris la forme d’un projet militant, un lieu ouvert à l’altérité radicale, à l’urgence des luttes contemporaines, aux minorités, aux alternatives. Au fil des décennies, des activités très différentes y ont été déployées : une chorale yiddish, une école constructiviste, un journal engagé, un théâtre expérimental et populaire. Pendant la période de la dictature militaire au Brésil (1964-1985), la Casa do Povo a naturellement été le lieu de toutes les résistances et avant-gardes.
Depuis le début des années 2010, cette maison du peuple (traduction littérale de Casa do Povo) s’est réinventée, en fidélité à une ligne politique antifasciste et un mode de fonctionnement fluide qui induit des pratiques bien différentes de celles souvent associées aux centres d’art. Les œuvres commissionnées et les programmes – notamment pédagogiques – développés par la Casa do Povo coexistent avec l’usage qu’une vingtaine de collectifs associés ont du lieu : académie de boxe populaire, studio d’imprimerie, clinique de psychanalyse, coopérative de mode ou chorales. Peu importe qu’elles y aient une activité professionnelle ou amateur, sociale, artistique ou culturelle : ces distinctions n’opèrent pas ici. Elles disposent des clés du lieu, participent à sa gestion et à sa programmation.
C’est cette organisation flexible et décentralisée que la Casa do Povo souhaite mettre en place à la Maison des Métallos. Quels mouvements naissent d’une invitation faite à un lieu si singulier par un Festival réputé sans lieu ? Elles créent à la fois du commun et de l’inédit, sur la foi d’un parti pris fort : le processus et les propositions, les moyens et la fin, ont une importance égale. La Carte Blanche embrasse des projets très différents, où se prolongeront les conversations engagées en amont entre les collectifs brésiliens qui seront du voyage et leurs correspondants à Paris et en Île-de-France. Une cuisine, une académie de boxe temporaire, un atelier d’impression de fanzines et un lieu d’accueil parents-enfants – projet porté par l’artiste brésilienne Graziela Kunsch – cohabiteront avec les propositions artistiques programmées par la Casa do Povo mais aussi par le Festival d’Automne.
Nous vous y attendons pour goûter ensemble à la joie du temps présent, du collectif et des solidarités politiques.
