Sécurité. L'utilisation inflationniste du mot fait l'époque. On s'assure multi-risques contre la maladie, les catastrophes écologiques, les accidents automobiles, les loyers impayés. Les précautions font principe, les politiques sont préventives, on recherche la sécurité affective, l'immigration est devenue crise, on assure son décès… Avant qu'on se prémunisse de la vie même, Pierre Meunier et Marguerite Bordat nous incitent à réagir pour nous aider à retrouver le goût du risque et de l'incertain en apprivoisant nos peurs. Parce que pour eux, comme pour le philosophe Frédéric Gros auteur d'un ouvrage passionnant sur Le Principe Sécurité et invité de cette CoOP, c'est la sécurité qui est la catastrophe, et comme le disait Walter Benjamin "La catastrophe, c'est que les choses continuent comme avant".

Prenant donc à bras le corps le problème, nos deux rassureurs installent une chambre d'audace, dans laquelle il nous sera possible de dire une peur, prendre le risque de l'affronter et pourquoi pas de passer à l'acte. Le philiosophe et écrivain Dominique Quessada et la philosophe Marie-José Mondzain viendront débattre avec nous de ces normes sécuritaires et autres violences de communication et des moyens de repousser les limites du permis de faire. Nous pourrons frôler la catastrophe au sens propre avec une mise en équilibre aussi belle qu'épineuse et exorciser nos angoisses avec le jubilatoire Securilif©, entreprise qui rassure jusqu'à la peur. Puisqu'il s'agit aussi d'en rire, nous découvrirons que Buster Keaton ou Charlie Chaplin étaient de vrais casse-cou. Et peut-être alors nous repartirons tranquilles - le sens premier du mot sécurité- plutôt que tentant en vain de conjurer l'inexorable.