On se décale

Clins d’œil, correspondances et autres digressions autour de la CoOP de juillet 2019.

D’humeur buissonnière en cette fin d’année scolaire, nous vous proposons de suivre quelques pistes glanées dans le parcours et les engagements de Jérôme Descamps qui ont éveillé notre curiosité : les Ardennes d’abord, ce pays « pire que le Nord » dont notre invité est originaire ; le cinéma aussi bien sûr, plutôt côté ; et puis, en mode hors-piste, d’autres œuvres, d’autres histoires, d’autres machines à émerveiller, émouvantes, charmantes ou amusantes, étonnantes toujours.

 

Les Ardennes, vous connaissez?

Sauf à être Belge ou Luxembourgeois (ou Ardennais bien sûr), on a peu de chance d’avoir traversé un jour sur la route des vacances cette belle contrée du Nord-Est de la France, connue, entre autres, pour son amour du merveilleux (en témoigne encore récemment cette réjouissante histoire d’œuf de quasi Pâques 2019)

https://www.francebleu.fr/infos/insolite/insolite-un-oeuf-geant-de-249-grammes- dans-les-ardennes-1556527859

Pour se plonger dans son ambiance mi-roman-policier mi-conte-de-fée, on peut lire ou relire « LE PAYS OÙ L’ON N’ARRIVE JAMAIS » D’ANDRÉ DHÔTEL.
Et pour ré-enchanter les longs mois d’hiver, on préparera une spécialité au nom poétique, LA CASSASSE À CUL NU, dont voici la recette en image :

 
Côté curiosités touristiques, on vous emmène sur la PLACE DUCALE DE CHARLE- VILLE-MÉZIÈRES, véritable joyau architectural du XVIIe s. où le CARILLON de la Mairie joue un air qui a failli devenir notre hymne national, le « Chant du départ des révolutionnaires de 1789 » composé par un enfant du pays, le musicien ÉTIENNE NICOLAS MÉHUL (1763-1817)
 
 

Et puis, bien sûr, il y a cet autre enfant du pays, ARTHUR RIMBAUD(1854-1891), immense poète, insoumis et voyageur. Profitez donc du calme des vacances pour relire ses poèmes et écouter cette belle émission de France Culture « Une vie, une œuvre » qui lui est toute entière consacrée (1991, 1.25.03)

 

Des histoires de cinéma ambulant

A sa manière, la Caravane ensorcelée, cette jolie petite salle de cinéma ambulante qui sillonne aujourd’hui les routes, renouerait-elle avec le tout début de l’aventure cinématographique? On a choisi de vous raconter L’HISTOIRE DES ORIGINES FORAINES DU CINÉMA et de son évolution vers le cinéma en salle que nous connaissons aujourd’hui. Petite histoire du cinéma forain, présentation sur le site du collectif audiovisuel Synaps.

 

De 1895 à 1912 : le cinéma forain français entre innovation et répression, article d’Arnaud Le Marchand 
Les fantômes du cinéma forain, bande annonce du film de Pascal Vimemet, 2012

Autre histoire de cinéma ambulant, ferroviaire cette fois, avec le CINÉ-TRAIN D’ALEXANDRE MEDVEDKINE. Durant 9 mois, de février à octobre 1932, Medvedkine traverse toute l’Union soviétique afin d’y filmer la population laborieuse des villes et campagnes. Il tourne et monte immédiatement les films dans son train pour les projeter aux intéressés dès le lendemain et pouvoir engager ainsi une discussion à chaud. Cette aventure eu une grande influence sur le cinéma indépendant des années 1960 dans le monde : des groupes Medvedkine furent créés dans beaucoup de pays d’Europe occidentale, d’Afrique et d’Amérique latine. A lire, cette passionnante communication de Massimo Olivero à la Sorbonne en 2011.

Et pendant ce temps, de l’autre côté de l’atlantique... RICHARD HOLLINGSHEAD,
un jeune responsable de ventes dans l’entreprise de pièces détachées pour automobiles de son père, mis au chômage par la Grande Dépression, profite de son temps libre forcé pour développer un projet qui allie ses deux passions : la voiture et le cinéma. Vous l’avez deviné, c’est l’inventeur du CINÉMA DRIVE-IN(en 1933). Petit moment nostalgie en anglais,«Drive-in Blues».

Hors piste 1

Dans la série dispositif ambulant, le « métallo » d’or de l’invention la plus folle est décerné à l’unanimité à... un aéroport ! Oui, vous avez bien entendu, un aéroport ! On est en 1945, et nos si merveilleusement excentriques amis britanniques inventent UN AÉRODROME PORTATIF ET FLOTTANT qui permet l’atterrissage d’avions sur la mer, sa souple structure permettant à la piste d’onduler au gré des mouvements de la mer. Marvellous ?

 

Des œuvres qui parlent de rencontres

Quand on parle de dispositifs culturels mobiles, on pense bien sûr aux FOOD TRUCKS, ces camions-cuisine de rue qui prolifèrent et se diversifient en mode cuisines du monde.
A Tours, en 2011, Radouane Nidam, jeune vendeur de sandwich et de frites, fait appel au programme Nouveaux commanditaires initié et soutenu par la Fondation de France pour personnaliser sa baraque à frites. Dans cette courte vidéo, il raconte sa collaboration avec l’artiste JULIEN CELDRAN, la réalisation et la réception de l’œuvre « Sandwich Sound System ».

 

Alors qu’il était en résidence à la Villa Kujoyama à Kyoto, l’artiste français
LE GENTIL GARÇON, s’est intéressé à la pratique traditionnelle du KAMISHIBAI.
Ce genre narratif japonais est une sorte de théâtre ambulant où l’on raconte des histoires en faisant défiler des illustrations sur papier. L’histoire qu’il imagine évoque un « monde d’avant », avant que l’homme n’ait eu les moyens de le mettre en péril. Ce récit est interprété par un conteur âgé de 81 ans, M. Tadashi Sugiura. « Chronique du monde d’avant » est le titre de cette œuvre composite regroupant un film, qui en est le principal élément et l’argument, ainsi que différents objets qui bien que liés au film et à sa réalisation(en tant qu’accessoire, costume ou décors) ont aussi été conçu comme des œuvres autonomes.

 

Hors piste 2

On retrouve encore avec plaisir LE GENTIL GARÇON comme réalisateur du clip du titre IT LOOKED SHORTER ON THE MAP (ça avait l’air moins loin sur la carte) du groupe OTPMD(ORCHESTRE TOUT PUISSANT MARCEL DUCHAMP), issu de leur troisième album Rotorotor, un vrai manifeste de musique libre et aventureuse.

 

L’artiste qui voulait capturer l’espace-temps du cinéma

Dans une célèbre série intitulée « Theaters », l’artiste photographe japonais Hiroshi Sugimoto cherche à réaliser une vision : photographier un film entier dans une seule image.
Il installe sa chambre photographique(appareil photo de grande dimension) au fond d’une salle de cinéma, face à l’écran. Dès le démarrage du film, il ouvre l’obturateur et le diaphragme de l’appareil au maximum. Quand le film se termine, environ deux heures plus tard, il referme l’obturateur. Le mystère et la beauté du résultat sont saisissants.

 

Hors piste 3

Après l’histoire des dispositifs mobiles, après la beauté des salles, notre curiosité envers le cinéma s’est portée sur les films eux-mêmes, enfin pas tout à fait, juste le début, ce qu’on appelle le générique. Voici donc notre mini festival des coulisses du cinéma, un Very Best Of des génériques de films(very subjectif et classé en ordre chronologique):

Mon oncle, Jacques Tati (1958)

 
Le Mépris, Jean-Luc Godard(1963)
 

Uccellacci e Uccellini, Pier Paolo Pasolini(1966)

Footloose, Herbert Ross (1984)

 

Hors piste 4

Juste pour le plaisir de reparcourir l’œuvre et la carrière du plus inclassable de tous les cinéastes : le web magazine d’arte tv, Blow up, consacre exactement
9 minutes à Jean-Luc Godard
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