On se décale

Clins d’œil, correspondances et autres digressions autour de la CoOP de mars 2019. 

Les liens que nous vous proposons d’explorer ici sont autant d’ouvertures possibles, autour de ce thème. Certains s’appuient directement sur le programme de la CoOP et nous parlent de Jean Tinguely, Patrick Bouchain. D’autres non...! Toutes les œuvres/artistes que nous avons choisis ont en commun une vraie singularité, un rapport au mouvement, aux matériaux, au « fait main », à la présence(voire à la performance), une forte dimension poétique et, souvent, beaucoup d’humour. Chacun, à sa façon, a les pieds bien posés sur terre et la tête dans les nuages, chacun à sa façon nous inspire et nous touche.

Et libre à vous de compléter ces choix avec vos propres références!

 

Pour commencer, faisons joyeusement le tri de nos objets superflus en écoutant Le Grand Orchestre du Splendid chanter La Complainte du progrès de Boris Vian

#chanson #poésie #objets du quotidien #humour #chambre de destruction #société

 

Et si le maniement de la scie circulaire vous inquiète, détendez-vous en regardant Laurel et Hardy, Busy Bodies : Les Menuisiers «18’24)

#poésie #humour #invention #fabrication #absurde #chambre de destruction

 

« Le but le plus général doit être d’élargir la part non médiocre de la vie, d’en diminuer, autant qu’il est possible, les moments nuls » Guy Debord
On verrait bien cette réjouissante maxime empruntée à l’auteur de La Société du spectacle en épigraphe à la démarche de Pierre Meunier ou à celle d’Alexandre Calder, un autre artiste poète amoureux du mouvement, du cirque et de la vie
en général.
#artiste #cirque #invention #fabrication #hors cadre #humour #présence #jeu

 

Au fait, saviez-vous que Guy Debord avait collaboré à la revue trimestrielle L’En- cyclopédie des nuisances(quel titre magnifique!) fondée par Jaime Semprun en 1984? Dans le discours préliminaire publié dans le numéro 1 de la revue*, on trouve citée cette phrase de Lewis Munford, historien américain spécialiste de l’histoire de la technologie et de l’urbanisme : « Ce que l’homme a créé, il peut le détruire. Ce que l’homme peut détruire, il peut aussi le refaire de toute autre façon ». *L’Encyclopédie des nuisances, tome 1 fascicule 1, 1984

#philosophie #chambre de destruction #société

 

Ce à quoi nous pourrions rétorquer avec la grande dame du mouvement surréa- liste, Meret Openheim : « Quand une œuvre a été accomplie, elle ne disparaît pas même si elle est détruite. Lorsqu’une chose a été faite une fois, elle ne peut être défaite ».

#artiste #surréalisme #chambre de destruction #pensée au travail

 

Laissons là cette discussion autour de la destruction pour entendre une autre grande voix de la philosophie, Gaston Bachelard, qui s’impose ici à nous :
« Il faut que l’imagination prenne trop pour que la pensée ait assez »
(L’Air et les songes, 1947)

#philosophie #imagination #anticonformisme #matière

 

L’artiste Suisse Roman Signer est célèbre pour ses installations détonantes(il fait souvent usage d’explosifs) et pour sa capacité à capter les situations absurdes de la vie, quitte à les provoquer, comme c’est le cas dans ces deux exemples.

Roman Signer, Tisch (Table), 2008/2009

Roman Signer, Installation, 2011 

#artiste #installation #mouvement #son #poésie #humour #fabrication #absurde

 

Daniel Dewar et Grégory Gicquel travaillent en duo. Leur démarche commune exclut la plupart des pra- tiques courantes dans la sculpture contemporaine, notamment l’utilisa- tion d’objets trouvés ou le recours à des sous-traitants pour la fabrication. Ils privilégient au contraire un rapport physique avec le matériau et la tech- nique. Leur réappropriation du fait-

main et de l’artisanal, qui n’a rien de réactionnaire, a une dimension critique mise en lumière par les inflexions populaires volontairement absurdes de leur art.
La voiture Mason Massacre et les sculptures en terre crue résonnent drôlement avec le tas de pierre et la vase chers à Pierre Meunier.

GIFS animés, Dewar et Gicquel, Palais de Tokyo, 2013

#artiste #collectif #installation #mouvement #poésie #humour #imagination #fabrication

 

Dans les années 70, l’artiste allemand Joseph Beuys crée le concept de sculpture sociale avec l’ambition de contribuer à une société plus juste ; il pense que tout homme est artiste et que si chacun utilise sa créativité, tous seront libres. L’œuvre sonore Ja Ja Ja Ja Ja Ja, Nee, Nee, Nee, Nee, Nee a été créée lors d’une performance de Joseph Beuys, Henning Christiansen et Johannes Stüttgen à l’Académie des Beaux-Arts de Düsseldorf en 1968. Le texte de la performance, dont la durée était d’une heure, est une référence ironique aux conversations typiques de vieilles dames qui cancanent dans les rues de Clèves.

Joseph Beuys, Ja Ja Ja Ja Ja Ja, Nee Nee Nee Nee Nee, 1968(extrait)

En parallèle à la programmation le 9 mars du film présentant le Cyclop, une autre œuvre de Jean Tinguely : Meta-Harmonie, témoigne de son intérêt pour les ma- chines, leurs fonctions et leurs mouvements mais aussi les bruits qu’elles génèrent et la poésie qui les habitent.

Jean Tinguely, Méta-Harmonie, Musée Tinguely, Bâle

Pierre Meunier a invité Patrick Bouchain à intervenir dans cette soirée consacrée à Tinguely. On les imagine facilement amis ou du moins complices, partageant un positionnement artistique et politique exigeant et généreux à la fois bien illustré par cet étonnant projet de rénovation urbaine : Construire ensemble : La rue Auguste Delacroix à Boulogne sur mer

Il y a 8 ans, Sophie Ricard, architecte de l’équipe de Patrick Bouchain chargée du réaménagement du quartier Chemin Vert à Boulogne-sur-Mer, s’est installée au n°5 de la rue Auguste Delacroix, vivant ainsi sur le lieu même du projet.

Entretien-fleuve en deux parties à propos de cet Atelier Permanent d’Architecture suivi d’un extrait du film réalisé pendant tout le projet.

Patrick-Bouchain, Ma voisine, cette architecte - 1/2 http://k6.re/AIRXp
Patrick Bouchain, Ma voisine, cette architecte - 2/2 http://k6.re/vAgXt
Construire ensemble - La rue Auguste Delacroix 1 (vidéo, 9’48’’)