Le discours sécuritaire se veut rassurant : on pourrait éliminer le risque apporté par ce qui est considéré comme une menace. Le risque est en fait une mise en question de l’ordre. Le risque s’apparente à une désorganisation. Le risque, c’est le désordre. « La chienlit », comme disait le général de Gaulle. 

Mais ce qui prétend être rassurant se révèle en réalité angoissant : le discours qui veut rassurer élimine le « négatif » au profit d’une vision qui se veut positive. La rhétorique doucereuse de ce discours émollient inquiète plus qu’elle rassure tant elle vise non pas à décrire mais à éliminer par le langage toute dimension négative et donc à terme de dissoudre toute possibilité d’énoncer le négatif. 

Indépendamment de la question du langage, le spectacle montre que les tentatives sécuritaires d’éliminer le désordre ne produisent que davantage de désordre. L’approche sécuritaire vise à substituer à une violence illégitime une violence à caractère légitime d’une puissance bien plus forte. Ainsi, la protection génère un risque souvent plus grand que ce dont elle doit protéger. 

On va donc essayer de parler de chaos, de risque, de violence, de désordre, et s’interroger sur le fait de savoir pourquoi notre époque est tellement en demande de murs, de séparations, de codes d’accès et de protections de tous ordres.