ressources décembre

Clins d'œil, correspondances et autres digressions autour de la CoOP de décembre 2019.

 

On peut regarder en face le pire, trouver les mots pour le dire, en rire, tenter de changer le cours des choses et pourquoi pas en sortir…

En novembre 2017, 15 000 scientifiques de 184 pays signent un appel contre la dégradation de l’environnement. Cet avertissement d'une ampleur sans précédent se base sur l'analyse de 9 indicateurs mondiaux de destruction de la planète depuis 1960  : 8 sont dans le rouge ! Moitié moins d'eau douce, limites d'une pêche soutenable dépassée, 600 zones maritimes asphyxiées, disparition des forêts de la taille de l'Afrique, 58% de disparition des espèces vertébrées… et un peu plus de 7 milliards d'humains suffoquent.  Faut-il s'alarmer de ces travaux qui prévoient la fin de notre civilisation industrielle entre les années 2020 et 2050 ? 

 

On commence en calculant sa propre empreinte écologique.

 https://www.footprintcalculator.org/

 

Quand on a vu la dure réalité – en l'état que si tout le monde se comportait comme moi, il faudrait trois planètes pour couvrir nos besoins !- on s'informe, avec humour en suivant le youtubeur Nicolas Meyrieux très informé et très engagé dans le combat contre le réchauffement climatique

https://www.youtube.com/user/NicolasMeyrieux

 

 

Dans LÎle aux Fleurs (1989), le documentariste Jorge Furtado suit 13 mn durant, le parcours d'une tomate depuis sa production jusqu'à son point d'arrivée.  Une démonstration pamphlétaire pleine d’une lucide ironie. L’impact documentaire et politique de ce film tient à la révélation de l’existence de ce lieu où la survie des hommes passe après celle des animaux… 

 

Avant d'aller se pendre,  on peut  chercher le cosmogol magique qui nous permettra de nous enfuir vers la planète Shadocks…

 

On peut aussi contre-attaquer. Quatre associations, Notre Affaire à Tous, la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme, Greenpeace France et Oxfam France ont décidé, au nom de l’intérêt général, d’attaquer l’Etat français en justice pour qu’il respecte ses engagements climatiques et protège nos vies, nos territoires et nos droits. C'est l'Affaire du Siècle signée par 2 millions et demi personnes. L'affaire est devant les tribunaux depuis mars dernier.

 

Les Yes men, Andy Bichlbaum et Mike Bonano sont des artistes activistes anglais qui se sont fait une spécialité de l'imposture "rectificative" ou hoax à grande échelle pour coincer les grands groupes industriels et autres géants de la finance. Arte a consacré un reportage à l'un de leur plus gros coup. En 2004, 20 ans après la catastrophe de Bhopal en Inde qui a causé la mort de 18 000 personnes, un faux porte-parole de la société Dow chemicals annonce sur la BBC que la firme va indemniser ses victimes. Contrainte de démentir, la société voit ses actions dégringoler.

Si l'on n'a pas peur d'aggraver notre empreinte carbone, on peut regarder ce film passionnant d'1h30 (aie !)

Ou rester droit dans ses bottes écologiques avec ce petit documentaire : quand les Yes men interviewent les politiques français pour leur faire croire que les multinationales américaines sont très en colère contre le plan Hulot…

 

On évitera le jusqu'au-boutisme rebelle des chevaliers noirs à l'anglaise quand on aura visionné cet extrait irrésistible  des Monthy Python et leur Sacré Graal !

 

Parce que  les  solutions existent. Coline Séreau a réalisé un documentaire,  Solutions locales pour un désordre global (2010) sur les alternatives aux dérèglements écologiques.  Elle a réalisé travers une vingtaine d’entretiens avec des leaders militants comme des gens de terrain qui expérimentent de nouveaux modes de production, partout dans le monde.

 

 

L'effondrement a ses penseurs, les collapsologues, qui font le pari de dessiner les contours d'un "monde d'après" plus pérenne que le nôtre. Pablo Servigne, auteur et chercheur indépendant, est spécialiste de l’effondrement et de la résilience,  est une des figures de proue du mouvement.

Avec deux autres chercheurs, Raphaël Stevens et Gauthier Chapelle, ils ont écrit

Une autre fin du monde est possible (Le Seuil, coll. anthropocène, 2018)

 

Pablo Servigne a quitté l'université pour informer le plus grand nombre, il multiplie les conférences depuis dix ans. Fredéric Ferrer, issu de la géographie est devenu artiste conférencier en regardant un conférencier s'épuiser sur son sujet. Il a alors compris que ce qu'il voulait mettre en scène, c'était la transmission du savoir.  Regarder le pire en face, savoir le dire pour le transmettre…

Plus généralement, la conférence connaît depuis peu un développement considérable dans le champ de l'art. Entre performance et discours, cette manière de faire permet d'interroger les savoirs en y ajoutant la poésie, l'insolence ou l'humour qui en relativisent le sens ou l'amplifient…

Erick Duykaerts en est resté un des maîtres incontesté. Belge, il vivait à Bordeaux et vient de nous quitter. Il pouvait disserter et digresser en boucles successives à vous coller le vertige  sur   « le fonctionnement de la mémoire, de la limace à la madeleine de Proust », l’épistémologie du bonheur ou la relation du labyrinthe au plan en croix, la barre de Sheffer…  ou “La main à deux pouces”

 

Et pour le plaisir, son Abécédaire

 

 

 

Dans un autre style, l'écrivain Thomas Clerc peut s'en servir pour décrypter l'information.

 

 

 

Et une fois cette ballade terminée, alors qu'on ne pourrait plus dire qu'on ne savait pas, alors qu'on aurait pu garder le sourire et trouver les armes pour le dire, avec Fred Vargas, nous pourrions espérer… 

À condition que la paix soit là, à condition que nous contenions le retour de la barbarie –une autre des grandes spécialités de l'homme, sa plus aboutie peut-être.
À ce prix, nous réussirons la Troisième révolution.
À ce prix nous danserons, autrement sans doute, mais nous danserons encore. 

(texte intégral https://www.levielaudon.org/wp-content/uploads/Fred-Vargas-3ième-révolution.pdf)