Tout a commencé avec des chants d’oiseaux. En mars 2020. Alors que l’Humanité toute entière se cloîtrait ; les oiseaux, la moindre petite fleur sauvage, les biches et celles que nous nommions alors « les mauvaises herbes » reprenaient la place que nous leur avions arrachée. Dans les rues, sur les Ronds-points et les Grands Boulevards, de petites forêts vierges tenaient le pavé.
Dans nos « maisons », petites ou grandes nous redécouvrions le poids et la vapeur du Temps, l’épaisseur du vide, et la valeur colossale de ce que nous pensions être de petites choses, de « petits riens ». Nous réapprenions à vivre ensemble les uns sans les autres, à chérir le petit lopin de monde dans lequel nous avions élu domicile et celles et ceux avec qui nous le partagions. De ces chants d’oiseaux libérés est née une première chanson « Prendre soin » qui finit par deux saxophones comme deux merles qui palabrent.
Au même moment et dans les temps qui ont suivi, j’endormais ma fille Alma en lui chantant des chansons. De belles mélodies lumineuses. « Cucurucucu Paloma », « Syracuse », « Love me tender », « les vacances au bord de la mer » et toute une collection de chansons que j’avais enfouie et dans lesquelles je retrouvais ma voix et l’envie de chanter. Pour « prendre soin ».
Une petite cabane au milieu d’un monde qui se fissure.
Puis en vinrent d’autres… des chansons-cabanes, des chansons-cailloux pour ne pas perdre notre chemin et des chansons pour chérir la petite fleur sauvage de l’instant présent (« Nos Années Lumière », « Amour Colosse », « Ah la la la », « Avant la Nuit ») toujours menacée par la violence du Monde prêt à l’arracher.
Ce Monde où des milliardaires inventent de nouveaux oracles en faisant tomber la neige dans le désert (« Jeux d’Hiver »), où les fascismes s’inventent de nouveaux déguisements avec les lambeaux de peaux de peuples anciens (« Apaches »), où l’Homme-Conquérant pressentant la fin de son règne arriver, dans le son du galop des femmes et des filles à travers le monde (« Chevaleresse ») s’auto-panthéonise, extasié par le reflet de sa propre « virilité » (« les Héros »).
Il y a dans ces chansons des mélodies que j’ai voulu suffisamment claires pour que ma fille puisse les comprendre et les chanter si elle le voulait. Il y a beaucoup d’amour je le crois. Beaucoup d’inquiétudes aussi. Ou peut-être juste, la trace d’un chant de merles qui palabrent, et d’une petite cabane pour l’abriter
Après avoir multiplié les collaborations – avec Archie Shepp, Marc Ribot, Thomas de Pourquery, André Minvielle,Nancy Huston, Germaine Acogny, Salia Sanou etc… -, babx alias David Babin ouvre un nouveau et vaste projet avec la publication - entre septembre 2023 et septembre 2024 - de trois albums.
Cet album – dont la sortie est prévue le 04 avril 2025, est le dernier de la trilogie. Un album en clair-obscur où babx évoque pêle-mêle toutes ces nuances de lumières qui donnent la vie et la reprennent aussi.
Babx présentera ce nouveau répertoire dans une forme en construction, forcément fragile et aventureuse. Il sera accompagné d’une formation pensée pour cette occasion, réunissant Marielle Châtain, David Neerman et Julien Lefevre.