What the world needs now tire son titre d’une chanson de Dionne Warwick qui parle tout autant de désir que d’urgence.
Dans un contexte politique national et international toujours plus violent, de précarisation du secteur culturel et d’accentuation du rapport de force entre camps réactionnaires et progressistes, l’émergence est, paradoxalement, sur toutes les lèvres et de tous les programmes. Mais comment envisager l’avenir et construire notre professionnalisation dans des contextes sociaux et de travail en tension ? À l’heure des prises de positions vagues et des textes creux, comment mettre en pratique les discours que l’on porte ?
Aussi, le temps d’un week-end, nous invitons artistes, chercheur·ses et publics à venir incarner, collectivement, avec nous, les dissonances de notre secteur. En écho à l’histoire de la Maison des Métallos, haut lieu de syndicalisme, de co-apprentissage politique et de lutte antifasciste, la programmation propose d’articuler mise en partage de récits, de formes et d’outils pratiques. Ateliers, discussions, performances, concerts et dj set viennent s'articuler pour créer un lieu de travail, de rencontres et de soin, où les individualités s’expriment, se légitiment, se décentrent et se renforcent mutuellement. Ces moments sont aussi une invitation au plaisir : celui de se présenter des gens, des pratiques et récits, de penser des stratégies narratives et formelles et, parfois, de se jouer des fantasmes qui continuent de hanter nos imaginaires collectifs.
Ce dont le monde a besoin maintenant, c’est peut-être de cela : d’espaces où les contre-récits ont le droit de cité, où des processus de réparation peuvent débuter et se poursuivre, et où la précision fait ressource politique et l'honnêteté stratégie artistique.”
Assia Ugobor, Flora Fettah, Lamia Zanna − Programmatrices du festival
* Ce trio de programmatrices a été constitué par Parallèle (Marseille), dans le cadre de son cycle de professionnalisation “Futures directions 2024-2026”, soutenu par la Fondation de France. Leur invitation s’inscrit dans une collaboration entre Artagon et Parallèle.
PROGRAMME
SAM. 25 OCT.
15H–17H30|[arpentage] Sarah Netter avec le livre « Antisémitisme et Islamophobie. Une histoire croisée » de Reza Zia-Ebrahimi
Cet arpentage s’inscrit dans un cycle qui s’ancre dans les luttes sociales actuelles à travers des regards culturels juifs, en revenant sur des ouvrages qui explorent les identités, les traditions, les géographies, les langues, les résistances et les histoires juives. Chaque arpentage se consacre à la découverte d'un ou deux titres en particulier, accompagné d'une sélection de textes en consultation. L’arpentage, méthode de lecture collective développée dans les cercles syndicaux ouvriers du XXe siècle, est ici aussi l’occasion de se rencontrer et de discuter, de partager des anecdotes et/ou de l'écoute bienveillante, dans une perspective résolument antisioniste, anticoloniale, antiraciste et queerféministe.
À la Maison des Métallos, l’atelier porte sur l’ouvrage de Reza Zia-Ebrahimi, Antisémitisme et Islamophobie. Une histoire croisée (Ed. Amsterdam, 2021).
Un projet à l’initiative de Sarah Netter et Laura Boullic
Durée 2H30
Jauge limitée – sur inscription
Toute personne ayant acheté un pass pour le festival recevra par mail la marche à suivre pour s’inscrire.
15H–19H|[atelier & open mic] Collectif SMAC — Santé mentale, travailleur·euses de l’art et artistes émergent·es : stratégie de vie et de survie en milieu artistique
Cet atelier propose un espace de réflexion et de partage collectifs autour de l’état de la santé mentale des artistes émergent·es et de leurs stratégies de soin, de résistance et d’organisation. Le workshop sera basé sur la Cartografolie, un outil permettant de cartographier ses ressources et tactiques en cas de crise, adapté ici aux réalités des artistes et travailleur·euses de l’art émergent·es : précarisation, pression, isolement, discriminations… La seconde sera dédiée à l’open mic, où chacun·e pourra partager textes, outils, récits ou expériences. Un temps d’écriture sera proposé pour nourrir les partages.
L’atelier est prioritaire aux personnes concernées par les discriminations, la précarisation ou par les enjeux de santé mentale, mais reste ouvert à tous·tes.
Durée 4H
Jauge limitée – sur inscription
Toute personne ayant acheté un pass pour le festival recevra par mail la marche à suivre pour s’inscrire.
18H–19H15|[conférence performée] Charlie C. Thomas — In the name of <3 ❤️🔥L’amour❤️🩹 au service de l’extrême droite
In the name of <3, publié en 2020 par Onomatopee (Pays-Bas), explore comment l’extrême droite en Europe et aux États-Unis s’approprie le symbole du cœur à des fins politiques. En détournant langage et visuels affectifs, ces groupes diffusent des idéologies fondées sur le contrôle des frontières et la déportation, promouvant une identité ethno-nationaliste.
La publication analyse l’intersection des affects, du capitalisme et de la culture numérique, et montre comment le soin devient une stratégie de marque néofasciste.
Charlie C. Thomas présente cette recherche lors d’une conférence mêlant présentation visuelle et écoute collective. Enregistrée en direct à la Maison des Métallos, elle donnera lieu à un podcast diffusé sur clubfringe.co, plateforme dédiée aux discours issus du son, de la théorie et de la performance.
Durée 1H15
19H45–20H15|[performance] Catol Teixeira & Luara Raio — eu vou aparecer bem no meio do seu sonho – I will appear right in the middle of your dream
eu vou aparecer bem no meio do seu sonho – I will appear right in the middle of your dream est une performance collaborative des artistes Catol Teixeira & Luara Raio, basée sur le mouvement et composée de cinq tactiques pour traverser les espaces intermédiaires entre les territoires. La convergence de leurs deux corps annonce le moment précédant un changement : iels initient et activent des passages qui traversent la chair du temps et de la présence, afin de révéler des technologies du mouvement capables de générer du vent et des déplacements transformateurs.
Durée 30 min
21H–22H|[performance] Envahisseurs (Deicy Sanches & Mayvis William) — Projective Listening
La musique est une forme de communication artistique et intuitive qui stimule les rêves et les visions oniriques, qui agit sur notre corps et notre inconscient et dont l’intensité fait naître en nous des états corporels qui ravivent nos expériences vécues. L’écoute projective éveille en nous des images et des sensations qui sollicitent nos corps et nous amènent vers le geste, vers la danse, en perpétuel dialogue avec l’imaginaire. À partir des langues et des sons underground diasporiques, les danseuses expérimentent le mouvement dans la tentative de révéler les traces et archives corporelles de leurs existences, mais aussi de sentir ce qu’elles ne savent pas encore être, d’échapper à l’attendu par la pratique de techniques ancrées et à venir, qui échappent à l’ordre établi.
Envahisseurs est un collectif formé par la danseuse et cinéaste Deicy Sanches, et le danseur et designer Teddy Sanches. Le collectif exprime le regard qu’il porte sur la société et son environnement, à travers le hip hop, mouvement artistique total et multidisciplinaire dans son essence. Dans ce sens, leur pratique qui met au centre la danse, dialogue avec tous les champs artistiques.
Durée 20 min
Deux représentations à la suite
22H–00H|[dj set] Marara Kelly
Marara Kelly fait des mixes où se confrontent ses recherches autour du baile funk et de la technobrega. Avec de nombreux éléments de la culture pop présentés à travers des remixes, elle invite le public à s'identifier à un son étranger dont le beat est l'élément disruptif. Elle interprète la pratique des remixes de chansons pop, l'une des caractéristiques les plus présentes de la scène baile funk et technobrega, comme un geste de réappropriation de l'imaginaire commun et de décolonisation par l'appartenance, qui se traduit par une musique pleine de drôlerie, de sensualité et de puissance. Sa recherche musicale part des sons de l'Amazonie brésilienne où elle est née, et se croise avec le baile funk de Rio, où elle a vécu pendant plusieurs années.
Durée 2H
DIM. 26 OCT.
Dès 15H|[expérience collective] Yoké Collectif — Temply[ok]é
Le Temply[ok]é – que l’on peut entendre comme « Temps Plié 👍 » ou encore « Temple Yoké » – est un environnement temporaire et itinérant dédié au soin. Il s’adapte à chaque lieu où il se déploie, créant une atmosphère visuelle, symbolique et spirituelle où le soin et l’expansion de la conscience occupent une place centrale dans les interactions entre êtres vivant·e·x, invisibles et non-vivant·e·x.
À la Maison des Métallos, le Temply[ok]é se manifeste à travers une activation sensible où sons et soins énergétiques se conjuguent. Sous forme de consultations, ces rencontres se vivent comme des expériences de connexion profonde, magnétique et chamanique.
Tel une capsule temporelle, le Temply[ok]é invite à respirer en dehors du temps linéaire et à partager une expérience collective, douce et réparatrice.
Jauge limité
15H–17H30|[atelier de pratique corporelle] Catol Teixeira — sweet-sweat-dances
L’atelier de Catol Teixeira se concentre sur des pratiques corporelles qui éveillent des voyages imaginaires et poétiques à travers des gestes dansés, composant une chorégraphie spatiale partagée. Les participant·es s’immergent dans des états de danse et des environnements émotionnels, percevant ce que certains gestes physiques et corporels éveillent en nous.
Iels abordent le corps comme un matériau à la fois politique, organique et culturel, à partir duquel la danse émerge comme un acte simultané et entremêlé de célébration et d’adieu, de pleurs et de rires, d’apaisement et d’affrontement, de traversée et d’oubli, toujours pour se souvenir d’un rêve.
Durée 2H30
Jauge limitée – sur inscription
Toute personne ayant acheté un pass pour le festival recevra par mail la marche à suivre pour s’inscrire.
Dès 15H|[salle d’écoute] La Rage (dublab.cat) — Salt Water
L’émission Salt Water, diffusée sur dublab.ct, réunit la musique ambient et le hip-hop, en croisant des genres qui partagent beaucoup de points communs. Issus de la poésie et de sons superposés, ils naissent souvent dans des lieux sombres pour permettre la guérison. Comme l’eau salée, ils possèdent des propriétés curatives.
18H–18H30|[performance] Socheata Aing — Faire face
Faire face est une performance qui parle de résistance et d'appropriation culturelle. Durant un entraînement de renforcement musculaire, lesté par une tête de bouddha en ciment, Socheata Aing parcourt l'espace du lieu en cherchant son équilibre. Le poids de la tête de bouddha ralenti son allure, elle semble être une entrave à son parcours, au fur-et-à mesure, elle se blottit contre son corps, elle se renforce et devient son alliée. Ressentir son poids au contact de son corps, de ses mains, de son visage dans une chorégraphie inattendue en miroir, lui permet de se réapproprier son histoire et la représentation de son corps.
Durée 30 min
19H–19H30|[performance] Élie Autin — Antichambre
Antichambre est une performance et une installation à la fois passée et prologue, au centre de laquelle se trouve Élie Autin. En tant que sanctuaire, l'installation commémore les bacchanales passées, mais dans un ordre narratif, elle met en scène un nouveau rituel de pouvoir et de séduction. Dans la salle d'attente, les regards s'attardent et glissent sur une contrepartie séduisante mais inaccessible. Dans la résolution d'un deuxième et d'un troisième acte, l'inaccessible est approché. Que ce soit en tant que prêtresse de « Bacchus », épouse d'un empereur, ou en tant qu'elle-même, Élie Autin flirte avec, attaque et dévore les fantasmes de pouvoir et de soumission.
Durée 30 min
20H–21H|[concert] Pierre et la Rose
Pierre et la Rose est un·e auteur·ice, compositeur·ice et interprète dont les productions musicales reposent sur la poésie et l’honnêteté. Iel utilise sa propre vulnérabilité pour reprendre le pouvoir sur les traumatismes, les doutes mais aussi les désirs qui occupent son esprit.
L’écriture et la chanson deviennent des armes méditatives lui permettant de faire la paix avec ellui-même. Les auditeur·ices sont ainsi appelé·es à se questionner elleux-mêmes et à faire part de la même vulnérabilité, afin de partager les émotions véhiculées par sa musique.
Durée 1H
autour du spectacle
À PROPOS D’ART EMERGENCE 2025
Art Emergence est une nouvelle manifestation dédiée à la création émergente présentée par Artagon, en association avec le ministère de la Culture, la Ville de Paris, la Région Île-de-France, le Département de la Seine-Saint-Denis, et avec le soutien de nombreux partenaires engagés auprès de la jeune scène artistique.
Du 17 septembre au 2 novembre 2025, l’édition inaugurale se compose, en plus du festival à la Maison des Métallos, de deux autres volets :
✱ Une grande exposition des projets de fin d’études de 42 artistes diplômé·es en 2024 de l’ensemble des écoles d’art et de design publiques françaises, présentée dans la Chaufferie de la Fondation Fiminco et aux Réserves du Frac Île-de-France à Romainville.
✱ Un parcours de visite dans une trentaine d’ateliers collectifs à Paris et en Seine-Saint-Denis, réparti sur trois week-ends.
Infos & programmation : artagon.org